AccueilNon classéFaut-il ralentir l’innovation technologique ?

Faut-il ralentir l’innovation technologique ?

Faut-il réinventer le progrès à l’heure des urgences environnementales et humaines ? Formation professionnelle FEEIM se penche sur le sujet.

I. L’innovation est omniprésente, elle est à interroger !

L’innovation est partout. Elle est applaudie, attendue et célébrée. Elle est présentée comme la solution à tous nos défis ; elle rythme nos vies, réorganise nos sociétés et alimente les discours politiques comme économiques.

Mais faut-il vraiment continuer à innover avec le même rythme ?

Comment faudra-t-il innover ?

II. Innover : entre utilité réelle et surenchère technologique

Certaines innovations ont incontestablement amélioré nos vies, je donne quelques exemples : 

  • Vinted et LeBonCoin participent à l’économie circulaire, moins de gaspillage, moins de déchets et donne une seconde vie aux objets de tout genre.
  • BlaBlaCar réduit les trajets en solo, les émissions de CO2 et favorise les relations humaines,
  • WhatsApp, Viber et Zoom rapprochent les gens et les cultures.
  • Le téléphone portable, devenu caméra, agenda, outil de travail, messagerie et centre de stockage, incarne une innovation continue ; il est aujourd’hui indispensable.

Cependant, à côté de ces avancées, d’autres innovations semblent être lancées sans finalité claire.

Trop souvent, on innove pour rester dans la course, pour « faire du neuf », sans réelle vision ni impact positif mesurable, ce qui finalement, joue le rôle inverse.

        La question n’est pas de rejeter l’innovation, mais de concevoir des outils vraiment sobres et utiles, en calculant l’ensemble de leur empreinte sur l’environnement et l’humain.

III. Révéler des besoins latents

        On dit souvent que ce sont les entreprises qui créent le besoin.
Et même si certaines innovations peuvent sembler superflues au départ, on réalise souvent avec le temps qu’elles deviennent indispensables, au point de ne plus pouvoir s’en passer.

        Prenons un peu de recul : de nombreuses innovations jugées anecdotiques à leur lancement sont aujourd’hui devenues incontournables.

        Par exemple, la télécommande. Dans les années 80, elle paraissait presque inutile : pourquoi remplacer un simple déplacement physique par un boîtier électronique ?
Autre exemple : le GPS. Pendant longtemps, il a été considéré comme superflu par ceux qui connaissaient parfaitement leurs trajets ou utilisaient des cartes routières.

       Et pourtant, ces technologies ont bouleversé nos habitudes, en rendant notre quotidien plus simple, plus fiable et plus efficace.

       La vérité, c’est que le besoin n’émane pas toujours de l’utilisateur. Il arrive que ce soit la solution elle-même qui révèle une attente jusque-là inconsciente.

IV. Un impact environnemental bien trop sous-estimé

Chaque progrès technologique a un coût écologique caché :

  • extraction de métaux rares,
  • consommation énergétique des serveurs,
  • obsolescence programmée,
  • pollution numérique.

  Prenons un exemple concret : la visioconférence (le télétravail). Non seulement elle évite de nombreux trajets en voiture ou en avion, mais aussi elle est toujours gagnants écologiquement, on le démontre, dans ce qui suit par un exemple concret.

a. Visioconférence : un réel gain écologique

  La visioconférence a révolutionné notre manière de travailler, d’enseigner et de collaborer. Certains soulignent la consommation énergétique des serveurs et des équipements numériques mobilisés pour ces échanges virtuels. C’est un fait : les data centers consomment beaucoup d’énergie.

   Ce qu’on oublie souvent, c’est le gain colossal généré par la suppression des trajets physiques:
•Moins de voitures sur les routes,
• Moins de vols d’affaires,
• Moins d’impressions papier, moins d’équipements sur site,
• Réduction des émissions de CO2 et de la consommation énergétique.

  À cela s’ajoutent des avantages humains forts :
• Moins de fatigue,
• Plus de temps pour soi,
• Une flexibilité précieuse dans l’organisation du travail.

 Même si les serveurs sont beaucoup sollicités, l’équation reste globalement favorable pour la planète lorsqu’on remplace des déplacements réels par une visioconférence (télétravail).

b. Comparaison de la consommation énergétique et des émissions de CO₂

🔋 Évaluation de la consommation énergétique et de la quantité de C02 rejetés estimées pour 100 personnes :

  • 🚗 Déplacement domicile-travail (40 km aller-retour) + travail sur ordinateur (6h)
    ≈ 2 358 kWh
    ≈ 590 kg de CO₂ émis (en prenant une moyenne de 0,25 kg de CO₂/kWh)
  • 💻 Visioconférence (5h) + télétravail (3h)
    ≈ 50,5 kWh
    ≈ 12,6 kg de CO₂ émis

📉 Résultat : Le télétravail permet de réduire d’environ 97 % la consommation énergétique et les émissions de CO₂ par rapport au travail en présentiel avec déplacement quotidien.

c. En conclusion

Même en tenant compte de la consommation des serveurs, la visioconférence (télétravail) consomme environ 47 fois moins d’énergie que des déplacements en voiture pour aller au travail.
Sur le plan énergétique et sur le plan du rejet de gaz à effet de serre, la visioconférence est avantageuse, qu’il s’agisse de déplacements réguliers ou ponctuels sur de longues distances.

V. Vers un enjeu profondément humain

L’innovation affecte aussi notre manière de vivre, de travailler et de communiquer.
L’automatisation, la robotisation, l’intelligence artificielle… toutes ces avancées promettent de faciliter le quotidien. Mais elles peuvent aussi :

  • remplacer l’humain au lieu de l’assister,
  • isoler au lieu de connecter,
  • standardiser les interactions au lieu de les enrichir.

On peut vivre connecté, mais on ne peut pas vivre exclusivement dans le virtuel. Un appel ne remplace pas une présence. Un emoji ne vaut pas une étreinte. Un écran ne remplace pas un regard.

VI. Vers une innovation responsible

L’objectif n’est pas de ralentir l’innovation, mais de la recentrer. Il ne s’agit plus d’innover vite, mais d’innover responsable :

✔️ En réduisant l’impact environnemental
✔️ En respectant l’humain dans toutes ses dimensions
✔️ En renforçant les liens sociaux réels
✔️ En s’éloignant des logiques de gadgets ou de performance vide de sens

VII. Les questions que je me pose lorsque je veux innover

a. Cette innovation répond-elle à un besoin réel ou est-ce un simple effet de mode ?

Que dois-je faire ?

  • Interroger les utilisateurs potentiels avant le développement.
  • Privilégier une innovation centrée sur les usages (approche design thinking).
  • S’assurer qu’il ne s’agit pas simplement d’un gadget technologique.

b. Quel est son impact écologique (production, usage, fin de vie) ?

Que dois-je faire ?

  • Réaliser une analyse de cycle de vie (ACV) du produit.
  • Minimiser les ressources nécessaires (énergie, métaux rares, etc.).
  • Éviter l’obsolescence programmée et encourager la réparabilité.

c. Va-t-elle remplacer l’humain ou l’assister ?

Que dois-je faire ?

  • Concevoir des outils d’aide à la décision, pas de substitution systématique.
  • Intégrer l’humain dans la boucle (IA explicable, choix humains).
  • Valoriser les compétences humaines irremplaçables (empathie, jugement, créativité).

d. Simplifie-t-elle réellement la vie ou crée-t-elle de nouvelles    complexités ?

Que dois – je faire ?

  • Proposer des interfaces claires, inclusives, accessibles à tous.
  • Réduire la charge cognitive, éviter la surinformation.
  • Tester auprès de profils variés (non technophiles compris).

 e. Contribue-t-elle à renforcer ou à fragiliser les liens sociaux ?

Que dois-je faire ?

  • Favoriser les interactions réelles ou hybrides plutôt que le tout-virtuel.
  • Éviter les logiques de surconnexion et d’isolement numérique.
  • Intégrer une dimension éthique dans le design (privacy by design, etc.).

f. Encourage-t-elle une consommation durable ?

Que dois-je faire ?

  • Proposer des modèles circulaires (réemploi, location, reconditionnement).
  • Favoriser la sobriété technologique (moins mais mieux).
  • Offrir de la transparence sur les usages, les impacts et les alternatives.

g. Quelle est sa durée de vie utile ? Est-elle pensée pour durer ?

Que dois-je faire ?

  • Prévoir des mises à jour sur le long terme.
  • Garantir la compatibilité ascendante.
  • Éviter les cycles courts de consommation.

h. Permet-elle de faire mieux avec moins ?

Que dois-je faire ?

  • Chercher l’efficience énergétique et matérielle.
  • Supprimer les déplacements inutiles, comme avec la visioconférence.
  • Rationaliser les processus plutôt que de les alourdir.

VIII. Conclusion : choisir le sens plutôt que la Vitesse

Nous sommes à un tournant technologique et environnemental : autrefois, innover ne nécessitait pas de prendre en compte les limites écologiques et sociales. Aujourd’hui, l’innovation ne peut plus être un réflexe aveugle. Elle doit devenir une démarche consciente, orientée et responsable.

Continuons à innover mais pour le bien commun, pour l’environnement, pour le lien humain.

Car l’innovation ne vaut que si elle est centrée sur l’humain et son environnement.

Guillaume Riviere
Guillaume Riviere
Je m'appelle Guillaume, journaliste éditorialiste pour Tribune Libre, un blog généraliste qui couvre une variété de sujets allant de l'actualité à la technologie, en passant par la vie quotidienne, le sport et bien plus encore. Mon objectif est de fournir des analyses approfondies et des réflexions critiques pour informer et engager nos lecteurs dans des discussions constructives.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Les derniers articles