Chaque été, c’est la même histoire. Des démangeaisons féroces, des petits boutons rouges qui apparaissent sans crier gare après une sieste dans l’herbe ou une balade en forêt. Le coupable est souvent invisible à l’œil nu, mais son nom est sur toutes les lèvres : l’aoûtat. Loin d’être une créature de légende, cet acarien microscopique peut transformer nos plus belles journées estivales en véritable calvaire. Plongeons dans le monde de ce parasite pour mieux le comprendre et, surtout, pour s’en protéger efficacement.
Qui est vraiment l’aoûtat ? Portrait d’un trouble-fête
Derrière le nom familier d’« aoûtat » se cache en réalité la larve d’un acarien, le Trombicula autumnalis. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’adulte, lui, est totalement inoffensif et vit dans le sol où il se nourrit de débris végétaux. C’est sa progéniture, une minuscule larve rouge-orangé de moins d’un millimètre, qui est au cœur du problème.
Active de la fin du printemps au début de l’automne, avec un pic d’activité en août – d’où son nom –, cette larve a besoin d’un hôte pour poursuivre son cycle de vie. Dotée de six pattes et de puissants crochets buccaux (les chélicères), elle se poste en embuscade sur les herbes hautes, les pelouses ou dans les zones humides et ombragées de nos jardins, attendant le passage d’un animal à sang chaud : rongeurs, oiseaux, chiens, chats… et bien sûr, les humains.
Le mécanisme de la piqûre : une morsure qui laisse des traces
Une fois accrochée à son hôte, la larve d’aoûtat ne suce pas le sang comme un moustique ou une tique. Sa technique est plus insidieuse. Elle injecte sa salive, riche en enzymes, qui va liquéfier les cellules de la peau. Elle se nourrit ensuite de ce « repas » cellulaire pendant deux à trois jours avant de se laisser tomber au sol pour continuer sa transformation en nymphe, puis en adulte.
C’est cette salive qui provoque la réaction inflammatoire et les symptômes que nous connaissons bien :
- Des démangeaisons intenses, souvent décrites comme insupportables, qui débutent plusieurs heures après la morsure.
- L’apparition de petits boutons rouges et boursouflés (des papules) de 2 à 3 mm de diamètre, parfois groupés.
- Les zones de prédilection de l’aoûtat sont les endroits où la peau est fine et humide : les chevilles, l’arrière des genoux, le creux des coudes, la taille (au niveau de l’élastique des vêtements) ou encore les aisselles.
Le principal risque lié à ces piqûres est la surinfection bactérienne due au grattage. Rassurez-vous cependant, en Europe, l’aoûtat ne transmet aucune maladie.
Comment soulager les démangeaisons et traiter les piqûres ?

La première chose à faire après une sortie à risque est de prendre une douche chaude et de vous savonner vigoureusement. Cela permettra d’éliminer les larves qui ne se seraient pas encore fixées.
Si les piqûres sont déjà là, plusieurs solutions s’offrent à vous pour calmer le prurit :
- Désinfecter : Appliquez un antiseptique local (à base de chlorhexidine, par exemple) pour éviter toute infection.
- Apaiser : Des crèmes apaisantes vendues en pharmacie, souvent à base de crotamiton ou de calamine, peuvent soulager. Des solutions plus naturelles comme le gel d’aloe vera ou une compresse froide peuvent aussi apporter un réconfort temporaire.
- Traiter : En cas de réaction forte, une crème à base de corticoïdes (disponible en pharmacie sur conseil) peut être appliquée en fine couche pour réduire l’inflammation. Un antihistaminique par voie orale peut également aider à calmer les démangeaisons, surtout si elles vous empêchent de dormir.
Solution | Type d’action | Recommandations |
Douche chaude et savon | Préventif / Mécanique | Immédiatement après une exposition potentielle |
Antiseptique local | Prévention surinfection | Nettoyer les boutons 1 à 2 fois par jour |
Crème apaisante | Symptomatique | Appliquer pour calmer les démangeaisons |
Crème corticoïde | Anti-inflammatoire | En cas de forte réaction, sur conseil pharmaceutique |
Antihistaminique oral | Anti-allergique | Si les démangeaisons sont généralisées et intenses |
Mieux vaut prévenir que guérir : les stratégies anti-aoûtats
La meilleure des batailles reste celle que l’on ne mène pas. Pour profiter de votre jardin en toute quiétude, quelques gestes simples peuvent limiter la prolifération des aoûtats.
Dans le jardin
L’aoûtat déteste le soleil et la sécheresse. Pour lui rendre la vie difficile :
- Tondez votre pelouse régulièrement et assez court.
- Débroussaillez les zones d’herbes hautes et les lisières de votre terrain.
- Éliminez les feuilles mortes et les tas de débris végétaux qui conservent l’humidité.
- Un arrosage régulier de la pelouse peut perturber leur cycle.
Pour vos sorties
Lorsque vous vous promenez en nature ou que vous jardinez :
- Portez des vêtements longs, couvrants et si possible clairs pour mieux repérer d’éventuels intrus. Rentrer le bas du pantalon dans les chaussettes est une technique efficace.
- Utilisez des répulsifs cutanés spécifiques aux acariens, disponibles en pharmacie. Appliquez-les surtout sur les jambes et les bras.
- Évitez de vous asseoir ou de vous allonger directement dans l’herbe. Utilisez toujours une grande couverture.
En adoptant ces réflexes, vous devriez pouvoir cohabiter plus sereinement avec ce petit parasite estival. L’aoûtat fait partie de notre écosystème, et si ses morsures sont un désagrément saisonnier, une bonne connaissance de ses habitudes permet de limiter drastiquement les rencontres douloureuses. Profitez de votre été, mais gardez l’œil ouvert !