Il y a presque un an, du 5 au 10 août 2024, le site d’escalade du Bourget a marqué l’histoire de l’escalade olympique. L’escalade combiné jeux olympiques a vécu sa métamorphose la plus importante depuis son entrée au programme, avec un format repensé qui continue aujourd’hui d’influencer la discipline.
La révolution du format olympique
Pour les Jeux de Paris, l’épreuve de vitesse est séparée du combiné (qui ne regroupe plus que le bloc et la difficulté) ; il y a donc deux épreuves distinctes au lieu d’une, c’est-à-dire le double de médailles. Cette transformation majeure a répondu aux critiques formulées après Tokyo 2020, où les athlètes devaient maîtriser trois disciplines aux exigences radicalement différentes.
Le nouveau format s’est concentré sur le combiné bloc-difficulté, une alliance plus naturelle qui rapproche deux disciplines partageant des qualités communes : la lecture de voie, la technique gestuelle et l’endurance mentale. Le classement combiné est établi en additionnant pour chaque grimpeurs les points obtenus en bloc et en difficulté. Le grimpeur ayant obtenu le plus grand nombre de points entre les épreuves de bloc et de difficulté sera sacré champion olympique.
Décryptage du système de points : une mécanique de précision
L’épreuve de bloc : quatre énigmes à résoudre
L’épreuve de bloc comportera quatre passages que les grimpeurs devront tenter d’enchaîner. Chaque bloc a pour valeur un maximum de 25 points. Les grimpeurs disposaient de quatre minutes par bloc pour résoudre ces défis verticaux de 4,5 mètres de hauteur.
Le système de notation récompensait la précision :
- 25 points pour atteindre le sommet dès la première tentative
- 24,9 points pour un « top » au deuxième essai
- 10 points pour la zone intermédiaire haute
- 5 points pour la zone basse
Par exemple, un grimpeur qui atteint le sommet d’un bloc à son deuxième essai recevra 24,9 points. Cette subtilité mathématique transformait chaque tentative en calcul stratégique minutieux.
La difficulté : l’art de l’ascension ultime
L’épreuve de difficulté opposait les grimpeurs à un mur de 15 mètres, dans un face-à-face de six minutes maximum. En difficulté, le concurrent qui atteint le sommet d’un itinéraire remporte 100 points. Un athlète reçoit des points pour les 40 derniers mouvements d’un parcours : en partant du sommet, les 10 derniers mouvements rapportent 4 points chacun, les 10 mouvements précédents en rapportent 3 chacun, les 10 mouvements précédents en rapportent 2 chacun et les 10 mouvements précédents en rapportent 1 point chacun.
Cette graduation favorisait les grimpeurs capables de s’élever le plus haut possible, même sans atteindre le sommet.
Paris 2024 : théâtre de performances historiques
Chez les femmes : Janja Garnbret confirme sa domination
Au terme d’une finale palpitante, la Slovène Janja Garnbret a puisé dans ses retranchements pour décrocher la médaille d’or de ces JO de Paris 2024. Le podium est complété par l’Américaine Brooke Raboutou (2ème) et l’Autrichienne Jessica Pilz (3ème).
La performance de Garnbret restera dans les annales. Grâce à ses 84.4 points remportés en bloc et une ascension dans la voie de difficulté qui lui a valu 84,1 points, Janja Garnbret nous a fait vivre un grand moment d’émotion au moment où elle a appris qu’elle conservait son titre olympique gagné à Tokyo 2020, malgré une blessure au doigt survenue en finale.
Chez les hommes : la surprise Toby Roberts
Ce n’était pas forcément le favori : Toby Roberts, jeune britannique de 19 ans gagne la médaille d’or des JO en combiné ce vendredi 9 août. Il s’impose à l’issue de la finale de la voie de difficulté, deuxième épreuve du combiné après le bloc.
Cette victoire surprise du Britannique de 19 ans face aux favoris Adam Ondra et Sorato Anraku a marqué l’avènement d’une nouvelle génération. Toby ROBERTS · Grande-Bretagne · Argent · Sorato ANRAKU · Japon · Bronze · Jakob SCHUBERT · Autriche complètent ce podium historique.
L’héritage français : entre espoirs et déceptions
L’équipe de France avait placé de gros espoirs dans cette compétition. Deux grimpeuses Françaises étaient en lice pour la demi-finale du combiné bloc-difficulté femmes. La Réunionnaise Oriane Bertone a réussi son entre en lice haut la main grâce à un sans-faute sur les trois premiers blocs en atteignant le sommet de chaque mur en deux essais maximum.
Malheureusement, La Française Oriane Bertone n’aura pas réussi à créer l’exploit ; elle prend la dernière place de ces finales (8ème). Chez les hommes, Paul Jenft, qui avait moins bien commencé en terminant 9e du bloc avec 34,1 points, a réalisé une belle remontée sur l’épreuve de difficulté. Il a inscrit 57 points supplémentaires, ce qui au vu des performances de ses concurrents du jour lui a permis de terminer 6e du classement général du combiné à l’issue des demi-finales.
| Podium Combiné Femmes | Podium Combiné Hommes |
|---|---|
| 🥇 Janja Garnbret (Slovénie) | 🥇 Toby Roberts (Grande-Bretagne) |
| 🥈 Brooke Raboutou (États-Unis) | 🥈 Sorato Anraku (Japon) |
| 🥉 Jessica Pilz (Autriche) | 🥉 Jakob Schubert (Autriche) |
L’après Paris 2024 : un héritage durable
Près d’un an après ces Jeux mémorables, l’impact du nouveau format se fait encore sentir. Six mois après avoir été sacrés à Paris, les champions olympiques Toby Roberts et Janja Garnbret traversent une période de transition contrastée. Quand le Britannique peine à retrouver son rythme sur le circuit international, la Slovène a, elle, préféré faire un pas de côté et s’éloigner de l’univers des compétition.
Le système de notation introduit à Paris continue d’influencer les compétitions actuelles. De nouvelles règles sont appliquées dans les épreuves de bloc depuis la reprise de la Coupe du monde IFSC, inspirées par celles qui étaient en place pour l’épreuve combinée Bloc&Difficulté aux Jeux Olympiques de Paris 2024.
Vers Los Angeles 2028 : l’escalade en quête de nouvelles évolutions
L’escalade combiné jeux olympiques a prouvé à Paris sa capacité d’adaptation et d’innovation. Le format bloc-difficulté, désormais éprouvé, devrait être reconduit pour Los Angeles 2028. Une innovation qui tombe au bon moment, juste au début de l’Olympiade qui verra le bloc être disputé comme une épreuve à part entière pour la première fois de l’histoire des Jeux Olympiques aux JO de LA28.
Cette évolution prometteuse laisse présager de nouveaux développements passionnants pour une discipline qui n’a pas fini de nous surprendre. L’escalade olympique, forte de son expérience parisienne, se dirige vers un avenir où la spécialisation et l’excellence technique seront plus que jamais récompensées.
Les murs du Bourget ont donc écrit une page importante de l’histoire olympique, prouvant que l’escalade combiné avait trouvé sa formule gagnante pour captiver le public mondial tout en respectant l’essence technique de la discipline.
